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  • Le repos sur sa fin (338)

    20 août 2015] J-2 : fin du voyage, début du repos

    Les yeux picotent (pas encore du pain dur, heureusement). La nuit a été longue, mais le voilà le beau matin, et le bel appareil qui devrait m'accompagner jusqu'à ma destination finale (j'ai toujours peur d'utiliser cette expression depuis que j'ai vu la tordante série de films du même nom). ''Vous pouvez changer de siège si vous voulez plus de place'', dit l'hôtesse de l'air dans une langue que je ne connaissais pas, certainement le finnois (et non pas le finlandais [à ce propos, la Hollande n'existe plus... c'était une province des Pays-Bas. En revanche, Hollande existe toujours et a bien décidé de faire parler de lui avec ses soi-disant futures baisses d'impôts, inversion de la courbe du chômage (est-ce que cela a un sens d'inverser une courbe se demandais Charlie Hebdo ? Ne faudrait-il pas plutôt retrouver de l'emploi ?)]) puisque la compagnie était installée à Helsinki, mais dont je devinais le sens par les amples gestes qui complétaient ses paroles. Ce n'est pas gentil pour la personne assise à côté de moi, mais surtout, quel est l'intérêt d'avoir une place qui est exactement la même en terme de taille ? Cela t'enlève uniquement la pression psychologique d'avoir une personne à ses côtés... enfin, cela enlève aussi les possibilités de converser avec elle, de découvrir des nouveaux horizons avec un formidable outil qui s'appelle le langage. Il se trouve que dans ce cas, le monsieur n'était pas disposé à me parler, mais qui ne tente rien n'a rien.

    J'arrive à l'aéroport de Tartu. Un taxi, un car, puis rien. Et moi ? Obligé de demander à une dame de l'aéroport en anglais (après avoir compris une phrase qu'elle avait lancé en russe !) si elle pouvait me faire venir un taxi pour rejoindre l'hostel (non, vous ne rêvez pas, j'ai bien orthographié ma destination. Un hostel, c'est comme une auberge de jeunesse, si quelqu'un sait pourquoi on l'appelle ainsi, je suis preneur...). Au passage, je suis assez fier de moi, puisque mes petits efforts en russe ont payé. Ainsi j'ai pu comprendre à l'aéroport que les enfants parlaient de «Samaliotte» (la prononciation du mot ''avion'' en russe) avec leurs parents ! Oui, oui, un mot compris dans une autre langue et je me sens plus pisser me direz-vous. Eh bien mes exploits ne s'arrêtent pas là...

    J'ai trouvé un endroit avec une grosse pancarte ''Konsum''. Croyez-moi ou non, mais j'ai aussitôt deviné que c'était un supermarché ! Après, j'ai regardé dans un dictionnaire en ligne d'estonien, et en fait, je ne trouve pas la traduction du mot, peut-être l'ont-ils appelé ainsi en résonance du ''consume'' anglais. Bon, finalement, mes déductions linguistiques ne sont pas aussi glorieuses que je ne l'imaginais ! 

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    Petite balade d'une heure en ville pour se reposer et ''voir du pays'', enfin ''de la ville'', mais comme l'expression c'est ''du pays'', bah j'essaye de l'utiliser correctement, même si du coup, elle n'est pas trop adéquate au contexte. Je découvre des bâtisses très diverses. Chaque construction a des matériaux différents, a des couleurs très différentes. Les Estoniens ne semblent pas avoir de règles bien précises pour peindre leurs maisons puisqu'il ne faut pas s'étonner de voir un mur d'un même bâtiment changer trois fois de couleur sur sa largeur. On se rend compte ainsi, à travers les kilomètres, des écarts de richesse très disparates, des contradictions dans une même rue où l'on trouvera des fabrications en bois et à côté de la bonne brique bien astiquée, ''dernier cri''. J'aimerais continuer ma promenade, mais hélas, le repos m'appelle (oui, il a mon numéro !). J'aurais aimé trouver le centre-ville, s'il en existe un, car en soixante minutes, je n'ai vu pratiquement que des maisons -à l'exception de quelques rares immeubles de trois ou quatre étages maximum- à perte de vue et possédant presque toutes d'un jardin vraiment bien entretenu avec tout type de décorations, de fantaisies, de beautés. 

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    Très patriotiques, les Estoniens ont drapeau devant leur maison. J'apprends que ce 20 août est un jour un peu spécial puisqu'il correspond pour eux à l'indépendance face à l'ex-URSS. Je me demande s'ils le gardent à l'année ou l'ont érigé pour l'occasion.

    Me voilà dans mon lit. Vite, faut que je récupère les heures de sommeil. Promis, je vais faire une folie que cela faisait très longtemps que je ne m'étais pas réservé : je vais dormir sept heures et demie et prendre le soin et le luxe d'y ajouter une sieste le lendemain, après le déjeuner. Il faut bien cela pour arriver en forme face à un effort dont je ne mesurais peut-être pas toute la difficulté... 48 heures avant le début du verdict ! Demain, cérémonie d'ouverture. C'est classe, c'est sérieux, c'est sympathique, j'espère y rencontrer du beau monde et surtout y glaner quelques précieux conseils de ceux qui auraient déjà eu une ''expérience similaire''.

  • Folie cinématographie (337)

    Une comédie américaine qui s'annonce vraiment drôle et sympathique : 

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    Daniel Radcliffe revient, et dans un super bon film sur ce monstre qui a toujours attisé la curiosité du commun des mortels : 

  • J-2 : le grand départ ! (336)

    19 août 2015]

    Aujourd'hui, c'est le départ. En route vers l'inconnu. Ni une, ni deux, j'attrape mes bagages complétés par quelques idées d'accompagnement de dernière minute (tiens, ce serait pas idiot d'avoir un chargeur de portable ou un petit livre à bouquiner). Première étape, le TGV en direction de l'aéroport Charles de Gaulle ! Non sans son lot de retards ou problèmes techniques. 20 minutes, ça va, à ce stade c'est être en avance pour eux. Heureusement, il me reste six heures avant le décollage de mon avion.

    Enfin, heureusement... Si, heureusement, en fait. Je trouve que le temps d'attente est un temps qui n'est pas perdu, ou du moins qui peut ne pas l'être, et qui n'a jamais été ennuyeux pour moi. Suis-je un extraterrestre ? Je me suis avachi sur un de ces nombreux sièges à perte de vue dans l'aéroport, et ai ouvert un petit livre jaune : pas mécontent de l'avoir apporté celui-là. C'est un Fakir qui voyage un peu. En l'apportant je n'avais pas du tout voulu le prendre parce qu'il avait une quelconque relation avec ma situation; mais je trouve la coïncidence bienheureuse.

    Oh, une Espagnole à côté de moi. Oh, des Russes derrière. Oh, un Français. Mon cortex cérébral se met déjà en ébullition et essaie de se concentrer sur le petit bouquin que je dévore des yeux. Petit passage par le Royaume-Uni, l'Italie, et hop, vers la Libye. Je me déplace pour aller aux toilettes. Mais, c'est que ça a changé l'hygiène dans les lieux publics (ou juste dans les aéroports ?) : la chasse d'eau se tire en appuyant un bouton avec le pied, les toilettes hommes et femmes ont le même motif (pas de discrimination), une propreté et pas mal de place pour ceux qui voyagent seuls et qui doivent emmener leurs bagages avec eux absolument partout. Je reviendrais plus souvent par ici, me dis-je. Enfin, pas le temps pour l'instant, je pars m'enregistrer.

    18,5 kilogrammes. Quoi, moi, jouer avec le feu ? Avec mon corps oui, mais ce n'est que pour le muscler ;) Je sépare mes appareils électroniques de mon sac à dos; c'est bon, je n'ai pas d'explosifs, je peux avancer. Embarquement. Décollage. Je ne me souvenais pas que cette partie du vol était si amusante. On se croirait dans une montagne russe avec l'avion qui avance tout doucement et ensuite il met les gaz d'un seul coup pour vous projeter vers l'arrière du siège.

    La partie amusante étant finie, je reprends le grand feuillet jaune et suit captivé par les dernières pages. L'auteur m'aura fait sourire du début à la fin, m'aura fait voyager et surtout apprécier la vie que je mène, contrairement aux clandestins, qui eux voyagent, mais très mal et avec toujours la crainte qu'ils soient arrêtés dans leur course. Le nom barbare du livre est «L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa», écrit par Romain Puértolas. C'est un livre complètement ''barré'' comme je les adore. Des noms imprononçables, dont l'auteur se sent obligé de donner la prononciation (farfelue); des péripéties rocambolesques; des comiques de répétition savamment dosés. Rien à redire, vrai coup de cœur. L'avion est désormais lancé à 800km/h. Je permets à mes yeux de relâcher l'attention pendant une quinzaine de minutes.

    Lorsqu'ils s'ouvrent, ils tombent sur un film muet qui ressemble à du Charlie Chaplin sur les petits écrans en hauteur. Deux boxeurs qui se tapent n'importe comment et qui assomment au passage l'arbitre. C'est pas drôle. Peut-être le bruit des réacteurs y joue; mine de rien, il manque une petite musique, ou alors qu'il soit vu dans le silence complet. S'ils avaient vraiment voulu nous divertir, il aurait fallu mettre ''Non-Stop'', cette grande production américaine qui conte l'aventure de Liam Neeson dans le rôle d'un policier qui prend un vol qui ne se passera pas comme les autres ! 

    Petit temps de latence. On observe les langues se délier, les gens commencent à bouger et on se met à admirer par le hublot les paysages de rêve sous un couché de soleil magnifique. On se croirait dans les films de Yann Artus Bertrand. Tu vois des petits points lumineux, puis tu vois des groupes de points lumineux, et en fait là tu t'aperçois que le moment fatidique est arrivé : celui de la descente. Et là, j'ai un autre film en tête, l'introduction du film ''Les nouveaux sauvages'' (https://www.youtube.com/watch?v=qM6G9MFvuqg regarder à 5'00'') ! Autant dire que me voilà pas très rassuré sur mes chances d'arriver en un seul morceau encore valide en bas. Pour nous rassurer, tu entends le commandant de bord prendre la parole. Il parle en finnois, puis en anglais. Et là, lorsque c'est le tour d'imiter Shakespeare, c'est l'horreur, mes oreilles se dépressurisent. Ou alors c'est la pression et l'altitude et des lois physiques qui font que mes tympans me font extrêmement mal. Mais il me semble tout de même entendre un anglais très approximatif et dont finalement, je ne comprends que des mots éparpillés.

    Lorsqu'enfin je touche terre, je me trouve à Helsinki, en Finlande. Premier vol d'effectué sur les quatre que comptera le séjour. Et dire que toute cette aventure a commencée par une discussion innocente avec un ami d'athlétisme. Je dois transiter pendant onze heures avant mon second pour me rendre à Tartu. Je me découvre une phobie : je n'aime pas dormir en public. Non pas que je ne fasse confiance à personne, mais j'ai peur que la vue que je laisse à donner aux personnes est pitoyable et que si je pouvais l'éviter, il fallait le faire. Pas grave, je prendrais le temps de faire une sieste une fois à l'hostel (une sorte d'auberge).