J'avais dis dans la semaine que j'écrirais une nouvelle comportant plein d'expressions animalières, mais c'était sans compter le concours d'édilivre que j'avais complètement zappé et dont j'ai re-pris connaissance vendredi, tout juste à son commencement. J'y ai donc participé avec la nouvelle qui suivra dans cette blognote. Hélas, je n'y ai pas suffisamment consacré de temps pour qu'elle soit bien, et surtout pour qu'elle est une fin un peu plus digne. C'est quelque chose que j'adore travaillé et que je n'arrive plus à faire en ce moment, faire un final étonnant. Peut-être pour la semaine prochaine ?
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Le courage est énigmatique
''Lorsqu'on est petit, on n'en a pas. Lorsqu'on est grand, on voudrait en avoir davantage. Lorsqu'on est moyen, c'est qu'on n'en a pas eu. Qui suis-je ?''. Il ne lui restait plus qu'un tour pour résoudre cette énigme. Il venait d'en effectuer une vingtaine et il n'en restait que la cerise, celle qui le ferait souffrir (le narrateur prend la décision que les cerises sont une souffrance pour notre palais(il note qu'on ne parle pas de personnes riches au sens pécuniaire du terme)). Quatre cents mètres. Il prend une grosse inspiration et double.
Le voilà désormais cavalant derrière un vide qu'il comptait gardé jusqu'au bout. Mais c'était sans compter sur ses mollets qui ne supportaient plus les pressions répétées et violentes contre la piste. Les souvenirs de séances dures lui revenaient par images. Il devait finir cette course en tête pour lui-même, pour tout le mal qu'il s'était fait. La lourdeur de ses jambes était occultée par son cerveau qui ne cessait de trouver d'autres motivations pour le mener jusqu'à la ligne. Cette petite peinture blanche qui délimitait la délivrance se faisait désirer. Où était-elle ? Il la cherchait du regard.
Sur le bord de la piste s'accumulaient des inconditionnels de l'athlétisme, des parents d'athlètes et des bambins auxquels on prêtait volontiers des qualités athlétiques, tandis qu'ils ne faisaient que s'amuser. Il prit soudainement conscience qu'il courrait comme un enfant, que ses jambes exprimaient une liberté puissante à laquelle il n'avait jamais pensé. Il pouvait aller n'importe où avec elles. S'il le désirait, il pourrait faire demi-tour et effectuer la course en sens inverse, il pourrait emprunter ces escaliers pour déserter le stade, il pourrait... mais il ne le souhaitait pas. Tout aussi bien qu'il pouvait faire toutes ces choses, il pouvait l'emporter : et c'était cela qui le transcendait.
''Courage'' entendit-il dans l'avant dernier virage, tandis qu'il lui restait seulement deux cents-mètres. Tout son corps se crispait. Son visage entier respirait la douleur et se contractait. Ses prises d'air ne suffisaient plus à contenir toute la demande en oxygène que requérait l'effort. Pourquoi donc lui avait-on lancé un ''courage'' ? Pourquoi maintenant et pas plutôt ? Peut-être n'était-ce pas le premier prononcé, mais c'était en tout cas le premier qu'il entendait. Son cerveau était-il si estropié qu'il devait prendre conscience des mots lancés par la foule pour se réconforter ? Faut-il avoir du courage pour terminer cette course ou de l'envie ? Faut-il être enfant et survoler innocemment la dernière ligne droite ou être adulte et terminer coûte que coûte -pour l'honneur- ces longs et douloureux cent mètres qui se préparent.
Mais toutes ces images mentales et ces schémas de course s'estompèrent brusquement lorsqu'il ressentit une douleur derrière la cuisse. Il ne lâcha pas l'affaire et serra plus fort encore sa mâchoire, les traits de son visage. Son allure devint de moins en moins belle, altérée par la fatigue. Il ne restait plus que quelques mètres et ses concurrents le talonnaient. Accélérer le ferait souffrir encore davantage et il n'en avait psychologiquement plus les moyens, et rester à cette vitesse aussi, puisqu'il pourrait perdre sa place sur le fil.
C'était fini. Après une tape amicale, ils regagnaient chacun leur voiture et prirent des routes différentes. Il se reverraient certainement à la prochaine compétition. Enfin, cela restait dans l'incertitude de l'évolution de sa possible blessure, de l'envie de chacun et du déplacement à faire. Mais là, il n'y pensait pas. Il savourait sa victoire ! Pour lui, gagner n'était pas une preuve de courage, mais une simple volonté de se permettre d'être heureux.