J'aurais pu vous ressortir la chanson de Kyo et celle de Boulevard des airs qui ont toutes les deux pour titre "Je cours"; mais ce n'était pas mon intention ce soir.
En réalité, je voulais vous parler du non-égoïsme des coureurs. L'athlétisme est un sport très individuel (même s'il ne l'est pas entièrement, en tout cas, pas pour toutes les épreuves), certes, mais les athlètes ne sont pas pour autant des individualistes, des personnes nombrilistes. Personne ne peut et ne doit se dire d'un athlète qu'il devrait mieux utiliser son temps à faire des choses plus utiles. Comment déjà peut-on se targuer de connaître les normes de l'utilité ? Et le plus souvent, ce sont les athlètes qui ont un grand cœur. En fait, bien souvent, ils se réalisent eux-mêmes, deviennent des personnes plus seines de l'intérieur et le redistribuent à l'extérieur. Rien de scientifique là-dedans; rien que ma mince constatation.
J'ai été assez surpris aujourd'hui par une de mes lectures (Emile, de Jean Echenoz) qui s'est révélée beaucoup plus intéressante que ce que je voulais bien lui "donner en crédits". Une bien belle surprise, un tour de force réalisé par cet auteur de littérature contemporaine. Relatant, presque de manière biographique, la vie du grand coureur tchécoslovaque Emile Zátopek ayant remporté trois médailles sur la même olympique d'Helsinki en 1952 sur 5000m, 10 000m et marathon. L'ambiance politique de l'époque est asphyxiante, mais le coureur lui continue à montrer ses grimaces qui cachent une étonnante facilité et déconcerte toujours les journalistes. Cette oeuvre est une critique de la surmédiatisation des événements sportifs, ainsi qu'un panorama des conditions d'entraînement, de préparation et de course des années 50. Court (140 pages) et très bien écrit (style épuré et drôle), ce roman ne saura se défaire de vos petites mains frêles qui sauront agripper la prochaine fois que vous vous baladerez dans un rayon de littérature du Jean Echenoz ! Je remercie ma professeure de littérature contemporaine, sans qui je ne serais jamais tombé sur cette petite merveille.