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Prénoms en cascades (034)

Il s'époumonait dans la cour : ''Basile a demandé l'asile, tandis qu'Eléna a intégré l'ENA''. Il martelait les rimes, les énonçait mille fois, y mettait tout son coeur, y ajoutait une ou deux longueur sur les dernières syllabes pour qu'elles fussent assimilées (comme si on ne les avait pas assez encrées en nous déjà) et les faisait voler en éclats, d'un coup d'un seul; parce que cela lui prend des fois. ''Sa parole elle l'honore, elle s'appelle Eléonore, il marque en silence, c'est un joueur de Lens''. Les paroles n'ont ni queue ni tête; ni corps d'ailleurs. Etaient-elles siennes ? Etaient-elles réelles ? Etaient-elles sous sa tutelle ? Il ne faisait pas dans la dentelle; il la rechantait à longueur de journée. ''Pour une belle mélodie, demande à Mélody. Pour de bonnes paroles, demande au compositeur, il tient toujours sa parole, ses paroles, rock and roll, c'est Carole, ça caracole, ça colle, pleins de moles, faire la folle, oooooollllllllllll..... é !''. La fin laissait un peu à désirer tout de même. Certes, ce garçon un peu perché -parce qu'il se tenait en équilibre sur la barrière qui délimitait un parterre, et ce dans le but de gagner un loup (non pas l'animal)- multipliait les écarts, mais c'est cela qui le distinguait de cette masse de gosses qui se prenaient pour des boss. Une jeunesse prise par la vanne facile, celle qui blesse, celle qui associe les prénoms avec des idées peu agréables, qu'elles jouent sur des assonances, ou sur des associations avec le physique de la personne. Comment redonner de l'intérêt à ces prénoms qui s'essouflent ? Comment souffler ses bougies heureux avec de tels prénoms ? Comment je m'appelle ? Cette dernière phrase, je la fais mienne, oui, oui, c'est moi Fabienne.

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Ps : Ce petit texte m'est venu à l'esprit en entendant une amie du théâtre dire qu'elle ferait un enfant rien que pour l'appeler Natanael, prénom qu'elle affectait beaucoup et le faisait remarquer à l'intéressé. Il fait suite également à des blagues que j'ai composées récemment sur des personnes de ma filière, toujours dans le respect de la personne, avec un humour au ras-des-pâquerettes (est-il besoin de le préciser ? (que je ne suis pas jardinier ?)).

Je trouve stupide la pratique des parents qui vont chercher les prénoms de leur future petite créature (appelons les choses comme elles le sont !) dans les livres ou dans les classements de ceux les plus à la mode, de ceux les plus originaux, les plus..., les plus...(société de l'addition, de la multiplication, de la surcharge, du surplus, etc.). Ne peut-on pas tout simplement s'accorder entre êtres doués d'intelligence sur un prénom qui sonnerait bien à nos oreilles ? Si j'ai envie d'appeler mon enfant Rissa (forte influence de l'espagnol sur mon inconscient, ''risa'' voulant dire ''rire'', un prénom pétillant !) ou Pamil (encore que là ça m'amènerait à faire des jeux de mots pourris comme : "passant, Pamil")... pourquoi le maltraiteriez-vous ? Parce que vous n'êtes pas respectueux de la culture que ses parents ont voulu répandre ?

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