Lorsque je suis arrivé le premier jour à la castration du mais (désolé pour l'accent que j'ai la paresse extrême de mettre à l'instant où j'écris ces lignes), j'étais au centre de l'attention (bien que je n'aime pas trop jouer le rôle de protagoniste dans un petit cercle pareil) de tout le groupe qui était déjà sur place. Je n'étais pas en retard (non ! je suis de ceux qui arrivent toujours minimum cinq minutes en avance), mais ils étaient déjà tous là. Et l'un des travailleurs m'a demandé après avoir posé mon vélo et pris à peine le temps de respirer, d'où je venais et combien ça faisait à parcourir. 6 kilomètres, à 6h30 du matin. Cela a été l'étonnement général; et cela m'a presque consterné. Et quand j'ai vu le jour suivant une personne se faire emmener en voiture et son vélo avec (pour seulement faire le retour), cela m'a encore plus achevé de croire que le monde se vautre dans la paresse. Comment se fait-il que plus personne ne soit capable (avec de l'entrain, de la volonté, de la joie (car ce n'était pas un déplaisir, au contraire : que c'est agréable de respirer le vent frais du matin (outch, en écrivant cette phrase je viens de me rappeler d'un chant populaire, à la mélodie qui se grave dans l'esprit))) de faire quelques kilomètres de sport sans rechigner ? Cela a d'autant plus étonné la compagnie lorsque j'ai confessé avoir une voiture. Elle me sert à quelque chose, je vous rassure, mais certainement pas à faire des petits trajets que mes jambes peuvent parcourir et me donner cette sensation de bonheur, de fraîcheur physique, de me forger le moral.
Mardi en allant au supermarché, en voiture (oui car pour transporter la nourriture pour dix jours, elle reste privilégiée), j'ai eu la mauvaise surprise de ne pas pouvoir repartir à cause d'un problème de batterie. Nous avons essayé de mettre les pinces crocos avec la première personne sur laquelle on est tombée et cela n'a pas marché (surement une mauvaise mise en place. Pourtant, on les à tournées et retournées). Un monsieur nous a appris qu'on pouvait le redémarrer en la poussant et en se mettant directement en deuxième; et ça a marché. Seulement, la voiture broutait et on a fini notre chemin un kilomètre plus loin, à mi-parcours de notre maison, à quelques mètres du garage (ouf !). Ceux-ci nous ont aidé avec un booster et nous sommes rentrés finalement; mais la batterie ne repartira plus après l'avoir essayée. Tout cela pour dire que les batteries ne sont plus ce qu'elles étaient avant : on leur demande beaucoup trop comparé à auparavant et on se repose sur elles. Lorsque les voitures n'auront plus d'essence (et que l'électrique ne sera pas encore en place (nous avons de la chance nous; peut être pas les futures générations), les hommes auront bien du mal à se raccommoder de leurs membres pour faire des distances qui leur sont inconnues.
Je n'ai fais le rapprochement qu'après, mais ce dont je vais vous parler maintenant a un lien très large avec les péripéties précédentes :
J'ai enfin regardé aujourd'hui un documentaire dont je vous parlais déjà il y a quelques mois, qui s'intitule "Sur le chemin de l'école". Et, même si les doublages sont horribles, ce documentaire est une pure merveille, une leçon implacable pour tous ceux qui râleraient encore lorsqu'il faut faire une demi-heure de voiture pour aller au travail (parfois, certains se plaignent pour moins que ça, et là, ça frise l'indécent quand on a vu ce documentaire). J'ai été horripilé par des commentaires laissés sur allociné qui se demandaient si c'était une histoire bien réelle. S'il vous plaît, arrêtez vos bêtises et changez-vous un peu l'esprit en allant découvrir ce monde occulté, que l'on aide trop peu. [attention, spoilers] Presque tout le documentaire est émouvant, des scènes sont très prenantes (comme l'arrivée du petit handicapé à l'école et ses camarades qui bondissent en groupe pour l'accompagner et le poser sur sa table). Les rêves que chacun mène sont extraordinaires, et leur persévérance est telle, que je ne doute pas qu'ils parviendront à les réaliser (il est même dit qu'ils sont pour la plupart sur la voie royale pour els accomplir). Ouah ! Vivement recommandé ! Une bouffée d'air, de joie communicative concentrées en une heure quinze : un joyau.
Ps : Cela n'a absolument rien à voir, mais en regardant "en famille" (pour le comble, j'étais le seul à le voir, car seul mon frère est à la maison et il avait fini de manger), j'ai eu un petit éclair de lucidité (comme les enfants... comme quand l'adolescente dit au petit-fils : à quoi ça sert que tu passes deux fois plus de temps à l'école, comme tu redoubles, alors que tu sais que tu n'obtiendras pas le diplôme) : mais pourquoi les couples n'achètent-ils pas des draps plus larges ? C'est vrai quoi... c'est énervant à la fin de revoir et revoir ce lieu commun où les amoureux se disputent la couverture. Ou alors, c'est un jeu pour eux ? Quel est l'intérêt de tout cela ?