Premier jour dans un nouveau défi
En me levant, je repense à une discussion que j'ai eu avec les néerlandais en les rencontrant. L'un d'entre eux me disait être à son cinquième icosathlon, sans jamais avoir fait de décathlon de sa vie ! Il y en a qui n'ont pas compris le système de paliers et qui montent des immeubles en ascenseur, en espérant ne pas tomber de haut lorsqu'ils découvriront que la porte s'ouvrira sur des chemins très accidentés [instant métaphore].
C'est le grand jour ! Direction l'inconnu ! Le stade est bien calme; on revoit les athlètes découverts la veille, on se salue, ça reparle dans toutes les langues et on sent la braise qui a déjà pris. Dix épreuves au programme, les ''moins dures'' sur le papier. Le starter se met en place, nos appétits de sportifs sont en ébullition. Et comme entrée bien digeste, nous prendrons un cent mètres pour lancer la course effrénée qui va se dérouler durant ces deux journées (à peine le temps de digérer un plat, qu'on vous en sert un autre encore plus dense). Il faut en avoir du ventre pour réaliser un icosathlon. Les consignes sont données... en Estonien ! Les Italiens sont un peu déstabilisés par ce fonctionnement (merci mes solides bases en espagnol qui m'auront au final un peu servi ! D'ailleurs un Estonien qui termine médaillé d'argent de ces championnats du monde d'icosathlon m'avait parlé la veille dans la langue de Cervantes. Il connaît pas moins de dix langues et ce simplement pour son plaisir, car il n'en aura pas besoin professionnellement. J'ai encore un peu de progrès à faire... surtout quand on voit l'anglais presque parfait des Néerlandais.). On entend donc un ''à vos marques'' assez longs et compréhensibles seulement parce qu'on connaît l'ordre des instructions et que quand tu te trouves devant un starting block, avec un starter en lançant haut et fort sur un ton cérémoniel quelques mots, tu ne vas pas sortir une bouteille d'eau, sortir un ''monopoly'' ou saluer un ami que tu distingues au loin. Non, c'est l'heure de partir ! ''Vaiimarrtt'' Coup de feu ! Je suis lancé. Et plutôt bien, direction le terminal (espérons qu'il soit plus facile à rallier que celui des aéroports).
Je croise l'autre Français qui s'est inscrit pour la compétition seulement quelques jours avant, inspiré par ses performances des championnats du monde vétérans à Lyon. Il vient de Carcassonne et repart après ce passage par Tartu (Estonie) vers le Qatar ! On a pas tous les mêmes budgets et opportunités apparemment.C'est avec lui et un concurrent Belge, que je décrocherais mes seuls mots en Français du voyage (à part pour blaguer avec l'Estonien ''multi-lingues'' qui s'exclamait ''bravo meussieux'' en distinguant bien les mots).
Après neuf épreuves, les nerfs ont beaucoup lâché de lest, les esprits se sont échauffés, ont vibré au son des claps lors des essais des différents concours, mais maintenant, c'est là qu'il faut qu'ils rendent l'âme. La dernière fois que j'ai fait du steeple, j'ai fait un beau plongeon dans la rivière; alors après cette dure journée avec notamment un 5 000m et plusieurs courses assez rapides, comment est-ce que je vais parvenir à ne pas me prendre les pieds dans une barrière ou éviter un plongeon à la verticale faute d'avoir les moyens nécessaires pour pousser un minimum sur la barre de la haie devant la rivière ? Trop de questions ! Part prudemment et finit comme tu peux. J'ai adopté la meilleure stratégie. Plusieurs participants devant moi après un premier tour très rythmé se font reprendre les tours suivants. Mais là n'est pas le plus important : je parviens à être plutôt propre et ne ressent pas trop de gênes à part le mollet qui n'apprécie pas ces chocs de dernière minute. Sur les deux derniers tours, un Britannique partit à son aise ne peut plus passer les barrières. Il doit marcher et les franchir en s'allongeant dessus. 800 mètres pour rattraper les 50 qui nous séparent. A la cloche, il est au bout de mon nez, je l'atteins. Il me re-dépasse sur la partie plate, avant de se faire reprendre une nouvelle fois et pour de bon après plusieurs obstacles franchis ''proprement''. Ouf, j'ai vu le bout de la première journée et les performances sont ''dans les clous'' (sans s'être fait mal !).
Direction l'hôtel pour manger un ''petit quelque chose'' et s'endormir aussitôt, sous les coups de 23h30.
La nuit risque d'être courte (petit-déjeuner programmé à 6h30). J'aimerais seulement que mon réveil fonctionne, et que je l'entende, si je pouvais bien récupérer, ce serait un must.